Ces derniers temps, j'ai beaucoup voyagé en train-train, pour diverses raisons. Ainsi, je me trouvais à Toulouse, à la recherche d'un livre pour les 8h de trajet qui allaient me permettre de remonter à Nancy et son irremplaçable et somptueuse, voire magnifique place Stan' (modestie quand tu nous tiens... mais pourtant, c'est vrai). J'avais envie d'une histoire prenante, mais avec une touche d'humour qui ferait mouche, sans pour autant prendre le pas sur le récit (c'est-à-dire ne pas lire une sorte de parodie). Après de longues recherches, flânant dans une librairie dans les 2h qu'il me restait avant de filer à la gare, je finis par tomber sur ce Graal. Je n'ai pas eu à le regretter, la trilogie correspondant parfaitement à mes attentes, et encore plus... J'y reviendrai plus loin.
"Bon c'est bien tout ça, mais ça parle de quoi, ton fichu bouquin là ? Si ça continue comme ça, ton blog, tu peux te le mettre où je pense. Marre des gens qui annoncent quelque chose qu'ils mettent deux heures à pondre. ******... la suite est censurée", aurait raison de penser un lecteur impatient et compulsif. Afin d'éviter ce genre de drame (le pauvre a dû être mis sous calmant), voici un petit résumé de l'histoire et du monde où elle prend place.
La Trilogie de Bartiméus, écrite par Jonathan Stroud, se déroule dans un monde où les magiciens dirigent les Etats, tout au moins pour ce bon vieil empire anglais. Loin d'être le classique parcours initiatique de la Fantasy, à savoir le campagnard ignare qui va sauver le monde, l'histoire s'articule autour des aventures de Nathaniel, jeune magicien surdoué, et surtout de Bartiméus -1-, le djinn (sorte de démon ou génie) que le garçon a réussi à invoquer très jeune. En effet ici, les magiciens invoquent des démons, desquels ils tirent leurs prétendus pouvoirs (en réalité, seuls les démons, asservis, ont des pouvoirs). Déjà, rien que pour ce background, le livre vaut son pesant de cacahuètes : je n'ai jamais lu de livres sf-fantasy-jeunesse avec un univers aussi original, où l'on se retrouve souvent devant pentacles d'invocations et autres joyeusetés de ce type.
Mais ceci seul ne rendrait pas cette trilogie aussi captivante. Les péripéties du jeune magicien -2-, que l'on suit respectivement à 12, 14 et 17 ans dans chacun des tomes, arrivent à éveiller l'intérêt du lecteur même le plus blasé. Ainsi, si dans le premier tome, le garçon cherche à soutirer la précieuse Amulette de Samarcande à un puissant magicien, il devra par la suite enquêter sur la présence d'un mystérieux golem qui résiste aux démons, tout en tenant à l’œil une Résistance de plus en plus virulente. Bref, les points extra bonus ++ de cette trilogie sont son monde riche et original qui permet une intrigue prenante, et le tout avec des personnages travaillés. Alors que demande le peuple ?
Les responsables de quelques nuits blanches. Livre de poche est l'ami du voyageur en train.-1- J'entends déjà les cris scandalisés des fans de la trilogie, qui s'insurgent pour plusieurs faits importants que je n'ai pas mentionnés. Mais comme on dit, j'aime garder le meilleur pour la fin. Le premier, non des moindres, est le personnage de Bartiméus. Il porte quasiment à lui-seul l'humour de la série (une scène du tome 2 impliquant un djinn trasnformé en valeureux minautore dans un musée est assez mémorable), voire la série en elle-même. En fait, dans l'univers du livre, les magiciens sont très, très très (trop) imbus d'eux-mêmes et prêtent une grande importance à leur apparence (à partir du 2e tome principalement, on se rend compte du caractère politicien-intrigant des magiciens du gouvernement ). Bartiméus prend donc un malin plaisir à remettre son jeune maître, et à peu près tout le monde, à sa place. Alternant souvent les points de vue, l'auteur prend un malin plaisir, quand il prend le point de vue du djinn facétieux, à apporter des éléments de compréhension sur l'univers du livre, tout en nous faisant nous esclaffer. Après tout, le djinn qui a parlé à Salomon et Ptolémée est bien mieux placé que son petit jeunot de maître pour nous expliquer à nous, stupides humains, les règles de son monde. D'ailleurs, il en a tellement à dire que le récit seul ne lui suffit pas, et c'est dans les notes de bas de page que diverses réflexions de sa part nous sont délivrées.
-2- Un autre point captivant de l'intrigue est l'évolution du personnage de Nathaniel. Au début encore assez enfantin, mais jamais trop naïf (et ça fait du bien de lire une histoire où le jeune héros est alerte). On le voit, sous le regard de Bartiméus, se calquer petit à petit sur le modèle des magiciens politiciens, constamment en recherche de pouvoir, jusqu'au 3e tome qui clôt magistralement ses aventures, dans une scène des plus émouvantes.